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RELAXE !!!!

RELAXE !!!


Quel bonheur d'entendre ce mot prononcé par la Présidente du Tribunal pour Enfants qui jugeait mon client, Ibrahim, tout jeune majeur, à qui il était reproché la détention et le transport de 17g de cocaine.

Le dossier :


 
👉 un PV d’interpellation dans lequel un policier dit avoir vu mon client recevoir ce sachet d’un autre jeune ; le fait qu’Ibrahim soit parti en courant à la vue de ce policier ; et ce sachet, que le policier dit avoir ramassé là où le jeune l’aurait lâché pendant la course-poursuite.

👉 Le jeune a toujours nié avoir eu ce sachet. Il explique sa fuite par le fait qu’il connaissait ce policier, qui avait déjà mis à nu d’autres jeunes du quartier et mis dans les poches du cannabis à un autre jeune ; il n’y avait aucune empreinte sur le sachet ; l’autre jeune, qui aurait remis ce sachet, n’a pas été interpelé ni entendu ; le téléphone contient juste un message curieux « pour le partage » mais rien d’autre.

👉 Des images de vidéosurveillance après interpellation, quand le policier repart puis revient avec le sachet.
 

Dans ce dossier, donc, c’était parole contre parole.
Parole de policier contre parole de jeune avec, déjà, un casier judiciaire (et black).



                                   Qu'auriez-vous plaidé?


 
Je n’ai pas plaidé les violences policières.
 

 


Avant la plaidoirie finale, il faut préparer le tribunal psychologiquement à prononcer une relaxe.

 


Pour cela, j’ai apporté une attestation de l’autre jeune disant qu’ils sont amis et étaient venus ensemble en voiture ce jour-là, qu’ils n’avaient pas échangé de sachet, et qu’à sa connaissance, Ibrahim ne consommait ni ne vendait de cocaine. Je l’ai remise à la Procureure, avec l’arrêt rappelant qu’en matière de stupéfiants, la parole d’un policier ne vaut que comme simple renseignement.


J’ai insisté pour regarder les images de vidéo-surveillance, sur lesquelles on ne voit … rien… Pourquoi ? Pour attiser la curiosité du Tribunal, les mettre en position de chercher à comprendre vraiment le déroulement des faits.

 

Puis j’ai posé des questions à l’éducatrice, faussement sur la personnalité (pour respecter le code de procédure pénale), en réalité montrant l'aberration de la thèse de l'accusation : Je lui ai fait dire que les jeunes viennent du même quartier, ailleurs dans Strasbourg, et qu'ils sont meilleurs amis depuis toujours.

👉 Conclusion pour moi : Ils n'avaient  aucune raison de faire du deal à ce moment à cet endroit. S'ils avaient voulu en faire, ce n'aurait pas été dans les conditions rapportées par le policier.
 


La Procureure a été entendue en ses réquisitions : « par honnêteté intellectuelle, je m’en remets ».

Yes ! Ca veut dire qu’elle ne demande pas la condamnation de mon client ! C’est bien parti !
 


Et enfin, j’ai plaidé.

 

 

Pas un mot sur le policier, ou pourquoi il aurait pu mentir.

 

J’ai uniquement plaidé la vacuité du dossier.

 

Rappelé la jurisprudence constante selon laquelle la valeur du policier n’a pas plus de valeur que celle de « mon » jeune.

 

Rappelé que la démocratie n’est garantie que si les trois pouvoirs assument pleinement leur rôle.

 

Rappelé qu’en matière de justice pénale, chacun est présumé innocent, et que ce n’est que si la culpabilité est démontrée qu’une condamnation peut être prononcée.

RELAXE : Quel bonheur, pour mon client, pour la Justice. Pour oser regarder avec confiance vers l'avenir.
C'est dans ces moments que je suis particulièrement fière de porter la robe
🥑, et fière de contribuer à la Justice ⚖️.

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